Les fondamentaux pour faire une bonne improvisation

Pour faire une bonne improvisation il faut savoir respecter ses principes de base. Souvent, les élèves amateurs choisissent cette discipline en se disant qu’il y aura moins d’investissement qu’au théâtre car il n’y a pas de textes à apprendre. Même si ce dernier argument est vrai, l’improvisation doit répondre à plusieurs fondamentaux à maîtriser pour construire une histoire de qualité. 

Voici quelques unes des règles essentielles de l’improvisation :

1. ACCEPTER : OUI ET …

Lorsque vous recevez une information d’un partenaire de jeu, acceptez-la comme un fait non négociable.

Puis ajoutez-y d’autres informations complémentaires pour tirer le fil de l’histoire. Continuez à échanger avec votre partenaire de jeu en pleine acceptation et il en découlera une histoire pleine de faits, de mouvements, de relations intéressantes entre les personnages et le best : une histoire que vous n’aurez pas anticipé par une maîtrise de votre mental et qui vous embarquera loin de vos limites.

Le refus en improvisation bloquera la progression de l’histoire : il faut accepter que le premier qui pose un lieu et un personnage est le leader de l’histoire et que vous êtes au service de la bonne construction de ce qui est proposé.

Le refus sape ce que quelqu’un d’autre tente de mettre en place. Il en existe de nombreuses formes:

Mime : Un joueur passe 5 minutes à mettre la table de la salle à manger et soudain, un autre personnage la traverse en voiture.

Personnage : ne pas laisser l’autre personne être ce qu’elle veut être.

– Je suis votre dentiste.

– Non, vous êtes mon gastro-entérologue!

Lieu : informations contradictoires établies par le partenaire :

–Le sable est doux sous mes doigts.

–Qu’est-ce que tu racontes? Nous sommes dans un hélicoptère!

L’acteur qui refuse n’écoute pas ses partenaires et est dans l’anticipation de sa propre idée :l’histoire peut être difficilement récupérable.

Il est nécessaire d’accepter les informations que l’autre présente, puis y ajouter des éléments et développer les enjeux de l’histoire.

Cela facilite le déroulement des scènes. Je me suis déjà amusée à ne faire jouer que du refus à mes élèves et le bilan de la séance était tendu, sans plaisir et à ne surtout pas recommencer 🙂

Essayez de ne pas penser à vous de façon trop introspective. Demandez-vous toujours « comment puis-je contribuer à une vue d’ensemble avec mes partenaires de jeu ? » et « qu’est ce que je peux apporter ? ». Acceptez de ne pas être toujours le leader d’une scène et de vous mettre au service du collectif.

2. TIRER LE FIL DE L’HISTOIRE

Le moyen le plus rapide d’ajouter de la réalité et de la profondeur à une scène est de demander aux personnages en jeu d’ajouter des détails à leur histoire commune.

Si une idée est posée par l’un des joueurs, tirez le fil de cette proposition pour voir où elle nous mène. Faire des digressions, des hors sujets avec la proposition, des changements de lieux soudains ou l’intégration d’autres personnages ajoutent de la confusion et l’idée de base n’est pas approfondie.

On saute d’idées en idées en ne construisant rien : ni histoires, ni personnages, ni progression vers un final qui aura du sens.

Restez dans le présent et dans l’action aussi souvent que possible. Préférez le geste à la parole et à construire ici et maintenant sans projections trop rapides vers l’avenir sinon que resterait-il en jeu ? Des pensées, des projections, du blabla. Des évènements dans le passé se sont produits, ils ont façonné vos personnages et c’est ça qu’on veut voir …

« L’improvisation est l’art d’être complètement d’accord avec le fait ne pas savoir ce que vous faites. » Mick Napier

3. ACCEPTER UNE NOUVELLE REALITE LOIN DE VOS IDEES RECUES

Parfois en improvisation, l’histoire en cours s’écarte de votre norme, du quotidien et de ce qu’on nous enseigne dans le cercle familial ou professionnel. Il faut être comme ci, comme ça, raisonner, trouver du sens et de la logique.  Le quotidien contrôlant et sans vagues.

Et heureusement l’improvisation nous permet un décrochage salutaire et un espace de liberté absolu pour surfer à fond sur la vague !

Lorsque vous vous trouvez dans des situations improbables, faites en une réalité pour votre personnage, vos partenaires et le public. 

Si notre improvisation nous mène à cette vie improbable et perchée, que dois je faire pour l’accepter et lâcher prise avec mon mental qui analyse la véracité de cette situation dans le quotidien? Vous devez accepter ce qui vient et ensuite, tirer le fil de l’histoire (fondamentaux 1 et 2), alors lâchez vous et foncez !

Dans notre vie quotidienne, il est logique de suivre la voix de la raison. En improvisation, une logique différente s’applique. On est là pour s’échapper du monde quotidien et banal. Vous pouvez braquer une banque, être détestable, être une licorne, millionnaire, etc …. Vous pouvez être et faire ce que votre imagination vous autorise. 

Ecoutez la voix de votre enfant intérieur qui lui n’a pas de filtres, ose se tromper et ne se prend, surtout pas, trop au sérieux.

4. ETRE PRECIS

Si vous voulez dire « Oh, vous avez une belle voiture. », pourquoi ne pas proposer à la place « Wow, c’est une Bentley Continental GT Speed ! »

Tout d’un coup nous pouvons la visualiser avec plus de précisions. Une image plus vivante ouvre un monde plus riche pour tirer le fil de l’histoire et se mettre dans un contexte.

Les adjectifs accélèrent le développement de la scène.

5. METTRE EN PLACE LE DEBUT DE L’IMPROVISATION

En début d’improvisation, vous voulez passer aux choses intéressantes dès que possible. Mais souvent, ça donne ça  :

–Salut.

–Bonjour. Il fait froid aujourd’hui.

–Oh oui, je trouve aussi.

–Vous vous appelez comment?

–Bertand. Et vous?

–Vincent. Quoi de neuf?

–Rien, et vous ?

– J’ai un mois à vivre.

C’est une installation de base qui peut se passer des bonjours, des questions et du risque de la perte d’intérêt du public. Choisissez plutôt d’entrer directement dans le vif du sujet :

– Vincent, j’ai un mois à vivre.

– Laissez-moi vous offrir une coupe de champagne.

– Vous avez raison, fêtons ça !

On a déjà un contexte fort, un lien qui se noue entre les personnages et il ne nous reste plus qu’à définir le lieu et se laisser porter pour savoir jusqu’où cette histoire improbable va nous mener.

Pensez à ce qui permet de lancer une improvisation :

  • Qui ? Qui sont les personnages ?
  • Quoi ? Que font-ils ?
  • Où ? Où sont-ils ?

Vous pouvez fournir ces informations et nourrir votre partenaire. Assurez-vous simplement de rester à l’écoute de toutes les informations fournies par vos partenaires. 

6. METTRE EN PLACE DES ACTIONS

Les actions caractéristiques sont celles qui définissent la profession ou le rôle de votre personnage ou le lieu dans lequel il se place.

Exemples : un enseignant effaçant un tableau noir, un concierge nettoyant une cour d’immeuble avec son balai ou un enfant jouant à la marelle.

Les actions aident vos partenaires de jeu pour le démarrage des scènes car elles leur fournissent  une situation sur laquelle rebondir et les intègre à un contexte dans lequel ils peuvent aussi construire un personnage en lien avec le vôtre.

Les actions en disent plus que 5 minutes de blabla à se demander où on est et ce qu’on est en train de faire. Cela aide à aller plus vite à l’essentiel.

7. ENTRER ET SORTIR DE SCENE AVEC UN BUT

Entrer, sortir et rester sur scène doit être justifié et donner du sens à l’histoire.

Vous ne pouvez pas juste rester planté là, entrer pour ne rien apporter et sortir sans une raison valable. Donnez un sens à toutes vos actions et nourrissez le jeu avec vos partenaires. Cela vous permettra également de savoir quand votre présence est nécessaire à la narration et de savoir écouter et laisser la main à un autre leader.

Montez sur scène avec une activité, un personnage ou une émotion. cela aidera à :

  • mettre en place la scène rapidement
  • fournir des informations que votre partenaire peut utiliser
  • vous donner quelque chose à jouer

8. EVITER LES QUESTIONS

Pourquoi poser une question sur scène?

Vous attendez-vous à ce que votre partenaire ait une réponse toute prête? Et si non? Est ce que cela ne veut pas dire que vous rejetez votre manque d’imagination à votre partenaire? La plupart des questions ne ralentissent-elles pas la scène inutilement? Et n’êtes-vous pas en difficulté si ce n’est pas la réponse que vous attendiez? 

Exemple :

–Qu’est-ce que vous voulez? [n’apporte rien à la scène]

–Ce que je veux? [renvoie le manque d’idées]

–Oui, qu’est-ce que vous voulez? [le premier partenaire ne contribue toujours pas à faire avancer la scène]

Cet exemple est ce que j’appelle éviter l’effet ping pong entre des improvisateurs qui ne savent pas où aller et se renvoient indéfiniment la balle de leur manque d’imagination et aussi du malaise à prendre sa place de leader et installer le premier une situation.

Heureusement, toute question peut être transformée en affirmation. Elles fournissent des informations et permettent de construire immédiatement l’histoire.

Je suis friande du jeu du « Goal » : un improvisateur doit en une seule affirmation entrer dans la peau de son personnage, être convaincu de sa vérité et permettre à son partenaire de rebondir sur cette idée et de développer sa répartie.

A un niveau plus confirmé, on peut introduire les questions à notre jeu mais sous certaines conditions :

  • Les questions qui ne nécessitent pas de réponse
  • Les questions qui fournissent plus d’informations que ce qu’elles demandent
  • Les questions rhétoriques 

9. RESTER FLEXIBLE

Les élèves d’improvisation doivent savoir s’adapter et être flexibles. C’est est un art vivant en perpétuel mouvement.

Vous devez être prêt à essayer de nouvelles idées, accepter de nouveaux défis et avoir la capacité de vous adapter à des situations et des conditions en constante évolution.

Il est important que tous les élèves puissent maintenir une attitude coopérative et enthousiaste sous la pression que provoque parfois, le travail de scène. 

10. ACCEPTER D’ETRE UN LEADER

Faire de l’improvisation, vous apprend à savoir qui vous êtes vraiment et comment jouer de vos forces et faiblesses sur scène. Pour construire une improvisation, il faut une bonne idée et pour avoir une idée à développer, il faut oser se positionner, s’exprimer, assumer et prendre le lead.

Le lead peut basculer au cours d’une improvisation. le leader peut parfois basculer au service d’un nouveau leader en fonction de l’avancée de l’histoire.

Il n’y a pas d’égo dans l’improvisation: on joue collectif et l’important est de construire ensemble une histoire cohérente qu’on est heuereux d’avoir tous construits ensembel.

11. RESTER CONCENTRE ET AWARE

La concentration permet d’être à l’écoute de tout ce qui est proposé et d’être pleinement impliqué dans le jeu et la construction de l’improvisation.

Il faut être présent, ici et maintenant, et faire fi de notre monde extérieur : les problèmes restent à la porte du cours.

La concentration permet le détachement des tracas quotidiens pour entrer dans un monde imaginaire que nous pouvons contrôler.

12. PRENDRE DU PLAISIR

Vous l’avez compris : l’improvisation est une discipline aussi exigeante que le théâtre. Cela demande du travail et beaucoup d’implication. 

Mais une fois que les fondamentaux sont acquis, vous avez un boulevard de plaisir à partager avec votre groupe. Et ce qui est génial, c’est qu’on progresse tous ensemble. On crée une dynamique de groupe : on se heurte aux mêmes problématiques, ouverts et disponibles à chaque membre constituant notre équipe avec ses forces mais aussi ses faiblesses.

L’échec, en improvisation, permet de tester ses limites et de progresser sur la durée. Enjoy !

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